The métier de la Conservation – Restauration des œuvres d’art a pour ambition de transmettre aux générations futures le patrimoine commun (les peintures, les documents écrits, les monuments, etc ) et cela dans les meilleures conditions possibles.
Ce travail passe par trois étapes :
LA CONSERVATION PRÉVENTIVE vise à empêcher toute dégradation future de l’œuvre, en créant les conditions optimales pour son entrepôt, conditionnement, transport, manipulation et exposition.
LA CONSERVATION CURATIVE consiste à traiter ou stopper les altérations, afin de stabiliser l’œuvre dans le temps.
LA RESTAURATION permet de rendre à l’œuvre sa lecture, ainsi que son unité (physique, esthétique et historique).
Afin d’établir le protocole de conservation/restauration le plus adapté, une connaissance approfondie de l’œuvre est indispensable.
Ci-dessous, sont décrites notre déontologie du métier et les étapes de l’analyse permettant l’acquisition de ces données essentielles.
LA
DÉONTOLOGIE
Notre approche ainsi que notre travail sont conditionnés par le respect de cinq principes fondamentaux formulés dans la charte de Venise et par l’E.C.C.O :
LA RÉVERSIBILITÉ des matériaux utilisés lors des interventions, permettant de garantir un retrait total de nos interventions dans le futur, sans dégrader l’œuvre. Pour cela, il est primordial que leur nature soit différente de celle des matériaux employés par l’artiste.
LA STABILITÉ dans le temps des matériaux et de nos interventions, afin d’éviter de futures opérations trop fréquentes.
L’INNOCUITÉ, afin qu’aucun matériau ni intervention ne nuise à l’œuvre et ne la fragilise.
LA LISIBILITÉ, grâce à l’harmonie et l’unité de l’œuvre, rendues par les interventions. Ces dernières doivent être discernables sous rayons ultraviolets des parties originales, et ne doivent pas les dissimuler ou les couvrir.
LA TRANSPARENCE assurée par la documentation des opérations.
Le
constat d’état
Le constat d’état se présente en trois étapes, qui sont l’examen des matériaux constitutifs, l’analyse des altérations, et le diagnostic.
L’examen des matériaux constitutifs qui composent la stratigraphie de l’œuvre (support, encollage, préparation, couche colorée, vernis) permet l’identification des caractéristiques de chaque matériau, leurs interactions, leur comportement vis-à-vis des changements d’humidité et de température, et parfois, l’identification de la période de création.
L’identification des altérations permet de les analyser et de les catégoriser selon leurs causes d’apparition, leur emplacement et leur importance. Leurs causes principales sont généralement les mauvaises conditions de conservation (le lieu, les conditions climatiques, l’exposition), la mauvaise manipulation et les agents biologiques (infestation d’insectes, moisissures).
Le diagnostic est établi sous la forme d’un rapport décrivant les altérations relevées et le comportement des matériaux. Cela permet la compréhension de l’apparition des altérations, leur évolution jusqu’à nos jours, ainsi que leur développement dans le futur si aucun traitement n’est envisagé.
Le
protocole de
restauration
L’analyse approfondie de l’œuvre permet d’établir le protocole de restauration, en prenant en considération les nécessités de l’œuvre, le futur lieu de conservation ainsi que les exigences du propriétaire.
L’établissement du protocole est accompagné de tests préalables de décrassage de la couche picturale, de solubilisation du film de vernis oxydé, et détaille le choix de matériaux de restauration les plus adaptés à l’œuvre.
Chaque tableau est différent, et nécessite des interventions adaptées. Une campagne de restauration n’est pas une action anodine pour l’œuvre, nous nous devons donc d’intervenir à minima tout en garantissant un résultat le plus satisfaisant possible.
La restauration
Après validation du protocole, nous procédons à la restauration.
Les traitements se divisent en deux catégories : les interventions de conservation (retrait d’anciennes pièces de comblement de lacune causant des contraintes néfastes, et les interventions de restauration : interventions esthétiques comme la réintégration chromatique des lacunes.
Des multiples opérations peuvent faire partie d’une restauration : refixage localisé ou refixage généralisé par l’arrière (à l’aide d’adhésifs de différentes natures), décrassage, allègement de vernis, dépose de l’œuvre, pose de bandes de tension, remontage, rétablissement de la planéité, reprise de déchirures par pontage, pose d’incrustations de toile, rentoilage, doublage, reconstitution de la matière picturale / masticage, réintégration chromatique, pose de vernis, retrait de l’encadrement, ré-encadrement, restauration de cadre, dorure.